L’histoire

De la lyre bédaricienne au big band de jazz

Je suis née le… à vrai dire je n’en suis pas sûre… à l’époque où l’ordinateur n’avait pas cours et où l’on ne se précipitait pas en mairie pour annoncer la venue au monde d’un nouveau-né.

Officiellement j’ai été déclarée en sous-préfecture le 31 octobre 1888 sous le doux prénom de « Lyre Bédaricienne ». Je sais aussi que la même année, un petit cousin prénommé « Fanfare », né de parents méconnus, anime joyeusement les fêtes de ma ville.

Au milieu du XIXe siècle, à l’occasion du passage de la Princesse Eugénie on me pare d’une magnifique bannière. Au début du XXe siècle les lois consacrant la séparation de l’Eglise et de l’Etat déstabilisent notre famille et nous séparent. Je suis alors rebaptisé « Lyre Républicaine ». Sachez que quelques-unes de mes ouailles, ne pouvant se résoudre à cette séparation, fréquentent en catimini les deux familles, tel l’arrière-grand-père d’André Claveria, mon Président depuis 1992 !

Malgré tout, un groupe de sages appelé « Musique des Vétérans » réussit une réconciliation transitoire pour inaugurer le monument du très célèbre écrivain du XIXe siècle, Ferdinand Fabre.


Mes premières photos « Harmonie Bédaricienne » datent de 1907, à partir de là de courageux parents se succèderont pour m’élever : Jules Maraval, Georges Vernazobres, Joseph Guiraudou. Mon éducation musicale sera assurée par les prestigieux Emile Thomas, Emile Astruc et ce, jusqu’à la deuxième guerre mondiale.

Durant ce demi-siècle j’ai participé joyeusement à toutes les cérémonies, fêtes, spectacles, Ste Cécile, concerts…. Au milieu de mon album photos, trône un magnifique cliché datant de 1936 où je pose avec mes deux cousins « l’Orphéon » et « la Clique ». Pendant la guerre nous nous serrons les coudes avec nos frères Lamalousiens avec qui nous jouons sous l’œil expert d’Eugène Falgas. En 1946 je participe à un concours à Lamalou les Bains sous la baguette de Jules Cacaso.

En 1949 je brille à nouveau lors d’un autre concours en terre bédaricienne cette fois-ci, sous la direction de Roger Bonnal. Jusqu’en 1965 les temps sont difficiles et malgré les efforts de mes parents je traverse une longue période monotone.
L’année suivante arrive un oncle non pas d’Amérique mais d’Afrique. Albert Galtier se passionne pour moi et décide de me reprendre en main, de repartir à zéro en rappelant quelques anciens et en ouvrant largement les bras à de nouveaux musiciens.
Ceux de « la Clique » nous rejoignent et d’année en année on dit que je me fais de plus en plus belle ! Et voilà qu’on m’habille de pied en cap pour aller parader à Mèze, Valras, Murat…. Albert Galtier, aidé par Mr Chapoulet, s’ingénient à me faire parler toutes les clefs et sur tous les tons.


Durant les années 1970-80, malgré les difficultés économiques de ma petite région, je me démène urbi et orbi et, en 1982, ma réputation grandissant, mon mariage avec nos villages voisins me donne le nom de « Harmonie Bédaricienne et des Hauts Cantons ».

L’année suivante je pars conquérir d’autres lauriers outre-Rhin chez nos amis d’Engeratzhofen avec lesquels les échanges perdurent.

En 1991 tonton Albert dans sa grande sagesse me confie à ses meilleurs garnements André Claveria, Serge Romia et Philippe Raynal.


Depuis, André préside à ma destinée, Serge s’attache avec Jean-Marie Bel, à parfaire l’harmonie de mon ensemble pendant dix ans avant de passer la baguette à Patrick Pouget, jeune Chef qui me mena jusqu’au concours national de Béziers en 1997.

Vint ensuite l’éphémère mais non moins brillant Ludovic Pérez, Chef assistant à l’Orchestre National de France. Puis c’est avec entrain et enthousiasme que sont célébrées mes fiançailles avec Laurent Picot venu relever le défi de lui succéder. Pari vite réussi, il m’adopte, je l’aime et il m’emmène en voyage de noces à Aurillac remporter un nouveau trophée ; Pendant sept ans je séduis « Carmen » à tous les « Paseos » des arènes de Béziers, avant d’aplatir en en-but à Montpellier parmi l’élite du ballon ovale. En 2007 Laurent me fait franchir le seuil de ma nouvelle maison sise Allée Maurice Ravel, sous l’œil attentif de Dédé et le regard attendri d’Albert.

Hervé Barthe, tromboniste hors-pair et fidèle parmi les fidèles, me tend la main et sa baguette pour m’accompagner au concours d’Aurillac en 2002. Les années qui suivent m’amènent à tendre la main à mon tour et céder la baguette de « Chef » à de tous jeunes gens souhaitant embrasser cette difficile carrière de directeur d’orchestre. Mes musiciens se prêtent de bonne grâce à ces divers challenges. Je vois se succéder Rodrick Barrillot, Maxime Bru, Mélodie Geneste et Andrei Freddine (clarinettiste à l’orchestre national de Montpellier).

En 2015, José Molero accepte de venir me diriger, il compose et arrange certaines partitions pour mon plus grand confort. A son actif, un nouveau venu, Le Big Band et la renaissance d’une Ecole d’Harmonie en notre sein. Les années 2020 sont difficiles à traverser, Il tient bon la barre et me maintient à flot avec l’aide de tous mes fidèles musiciens.
Aujourd’hui je rassemble une grande famille, avec des enfants venus d’horizons très divers dont la seule ambition est de partager une passion commune quels que soient leur âge, niveau ou ambitions : la Musique.

Quant à moi malgré mon grand âge et ces années plus ou moins chaotiques, mes cuivres brillent de mille feux, mes bois sont toujours aussi charmeurs et mes percussions des plus vivaces. Ma maison est accueillante, mes Amis et mes Amants nombreux…

Que la vie et la musique sont belles !